« De nos jours, Train et Sven sont ce qu'on appelle des "nettoyeurs". Leur métier consiste à mettre la main sur des truands dont la tête est mise à prix. Ils débarrassent ainsi la ville des mauvaises graines qui l'empoisonnent. Mais Train n'est pas un chasseur comme les autres : il y a deux ans, il était un assassin connu sous le nom de code de "Black Cat", et il oeuvrait pour le compte d'une organisation mafieuse.
Aujourd'hui recherché par cette dernière, qui désire soit le reprendre à son service, soit l'éliminer, Train cache un lourd passé. L'un de ces vestiges est le numéro XIII qu'il porte tatoué au-dessus du coeur, et qui indique qu'il était l'un des plus dangereux éléments de son organisation.
Il fut tué lorsqu'il annonça vouloir désormais travailler seul et librement... Aujourd'hui pourtant, il est bien vivant! »
Bon aujourd’hui je me lance sur une des séries qui est considérée comme un des titres du moment : Black Cat. Bon je dois vous avouer que la première fois où j’ai entendu parlé de Black Cat, j’ai été un peu septique : l’histoire d'un homme ayant le tatouage XIII sur la clavicule, qui luttait contre une organisation à l’échelle planétaire et qui est rattrapé par son passé. (C’est vrai que l’on pourrait se poser des questions…). Mais la ressemblance avec une certaine série à rallonge européenne (Que j’adore, je tiens à préciser !!) s'arrête là, et j'ai découvert avec plaisir un manga bien classique, et qui reste cependant très efficace.
Classique j’ai dit ? Oui…car nous avons là un shônen qui reprend les clichés habituels du genre qui ne cherche pas à révolutionner le genre. Il emprunte également beaucoup à des séries comme Kenshin le vagabond (Pour le côté "assassin légendaire rattrapé par son passé"), City Hunter, Cowboy Bebop, Crying Freeman, Get Backers ou One piece par exemple. J’irais même plus loin en disant que je pensais avoir tout vu dans le domaine du recyclage mais "Black Cat" m'a démontré qu'on pouvait aller encore plus loin : il n'y a pas ne serait ce qu'un tout petit détail que je n'ai pas vu ailleurs, même le logo en forme de tête de chat sur les couvertures a l'air d'avoir été repompé sur celui de "Cat's Eye". Cependant bien qu'il n'innove pas il a le mérite de très bien exploiter beaucoup d’éléments qui ont su séduire tant de lecteurs.
On nous présente ici un duo de chasseurs de primes: Train Heartnet, un héros au sombre passé d’assassin dont l’adresse au tir est inégalable, et Sven Vollfied, un ex-agent secret au pouvoir de clairvoyance grâce à son "vision eye". Le premier donne parfois l'impression d'être une personne irresponsable, simple d'esprit et égoïste, mais qui cache en réalité une profonde gentillesse qui le pousse toujours à aider les gens en difficultés. Le second, quand à lui, est un gentleman autoproclamé (le style me fait penser à Sanji de One piece), doublé d’un inventeur de gadgets en tout genre : il est plus responsable que Train et fait office de tête pensante du groupe. Par la suite cette équipe se verra complétée par Eve une petite fille d’une très grande maturité (à l’inverse de Train) dont le corps, composé de nanomachines, peut prendre toutes les formes quelle souhaite, et Rinslet, une voleuse professionnelle qui passe son temps à embarquer Train dans des missions délicates (Elle me rappelle étrangement Nami de One Piece). Si on pouvait décrire l’univers de Black Cat, ce serait un univers sombre où les mafias et autres organisations secrètes règnent, sur un fond de science-fiction avec des pouvoirs psychiques et des nanotechnologies.
Bon… dès les premiers volumes, on a vraiment l'impression d'avoir déjà vu ça pas mal de fois : le passé de Black Cat ressurgit alors qu'il mène une vie de simple chasseur de prime, il retrouve ses anciens ennemis et amis de son ex-organisation, son équipe s'agrandit... Les dialogues sont stéréotypés et à la limite du ridicule... On pourrait se dire que Glénat fait vraiment des choix discutables pour ses publications françaises : des "mangas a succès" avec un scénar qui tient sur un post-it (voir un ticket de métro) et une psychologie des personnages inexistante. Malgré cela on peut y deviner des possibilités intéressantes pour la suite...
Et puis à peine démarré l’histoire ralenti d'un coup, l'intrigue n’avance plus et les événements ne sont pas très palpitants: ça devient une suite de petite aventure sans intérêt avec des bestioles qui n'ont rien à faire là, et pas mal de persos qui n'ont pas le moindre charisme… bref on a l’impression que ça s’essouffle un peu. Puis arrive le fameux moment où l’auteur commence à expliquer la théorie sur leur pouvoirs "magiques" : j'ai l'impression qu'aucun mangaka de shonen n'y résiste !!! Au bout d'un moment dans une série il faut que certains personnages aient un pouvoir pour relancer l’intérêt, et il faut aussi que ce pouvoir soit théorisé et expliqué de long en large. (Apparemment c’est le genre qui veut ça avec les explications-pour-faire-sérieux-du-genre-l'auteur-sait-où-il-va!!). Mais l’histoire commence réellement à reprendre un peu de souffle à partir du 4ème volume, avec l’apparition des Chronos Numbers (ces derniers étant très charismatiques), surtout leur leader Sephiria qui a toutes les qualités d’un Sephiroth au féminin. Toutes ces interactions permettent enfin de relancer l’intérêt du manga.
Avec le 4ème volume on passe définitivement le cap de la phase "introductive" propre aux shônens et on retrouve un réel intérêt pour l’histoire qui avance plutôt bien. Si la trame principale devient intéressante et plutôt dynamique avec quelques rebondissements, des lenteurs peuvent néanmoins apparaître : celles-ci servent plus à affiner les interactions des protagonistes (notamment à l'aide de flash-back).
Mine de rien l'auteur n'hésite pas à ajouter une bonne grosse dose de dérision, utilisant certains codes du shônen classique pour mieux les détourner et en rire, ce qui rend la lecture plus rythmée et divertissante (ce qui reste après tout le but principal) : L’intérêt augmente par les différentes situations comique et l'humour présent est agréablement distillé, ce qui pourra séduire même les plus sceptiques. On prend toujours beaucoup de plaisir à voir Train et Sven se disputer : l'ambiguïté des deux héros entre phases de combat et l'histoire rend ces personnages attachants. L’interaction entre les différents protagonistes nous laisse porter par une délicieuse alchimie qui nous attire.
Une autre des principales composantes des shônen est présente : à savoir les bastons. Elles ont de la classe : les pouvoirs, les armes ou encore les techniques sont très bien exploités et chaque personnage en possède une à la fois particulière et redoutable (Du sabre au pistolet en passant par les utilisateurs de "Tao"…). Heureusement les combats ne s’éternisent pas sur plusieurs volumes…
On peut également sentir une évolution dans le caractère des personnages au cours de la lecture : si au début ceux-ci ne sont pas très fouillé et font un peu "clichés", il prennent plus de profondeur par la suite avec l’introduction du personnage d’Eve. Elle permet aux personnages d’évoluer, de prendre une réelle dimension, de développer par la suite un charisme de bonne facture... On a l'impression que l'auteur cherche ses marques... ça se voit rien que dans l'évolution du design des persos, mais aussi dans l'intrigue, qui se complique au fur et à mesure. Même certains personnages secondaires comme Kyoko prennent de l’ampleur alors qu’ils étaient fades au début …tout cela ne peut que nous donner envie de continuer.
Selon moi, le personnage d’Eve est le plus intéressant à suivre : de par son pouvoir de transformation, elle offre un potentiel qui n’est pas encore exploité à fond (Elle en jette avec ses ailes d’ange !!). Heureusement que l’auteur a su distiller ses transformations afin d’éviter qu’Eve ne tombe dans un rôle d’une magical girl se transformant à volonté en une boîte à outils ambulante : son potentiel est exploité ici à sa juste mesure… De plus c’est un personnage torturé qui essaye de se forger par elle-même une personnalité tout en développant des techniques non mortelles pour ses adversaires, afin de se débarrasser de sa nature "d'arme biologique". (On le voit de par ses transformations qui tendent de plus en plus vers une version angelique d’elle). Même si elle se considère comme une "rivale" vis-à-vis de Train, elle suit les mêmes principes que lui…
Un des gros point fort de ce manga, celui qui a fait que j'ai commencé à lire le premier volume et ai continué malgré le classicisme flagrant de l'histoire: un style graphique agréable et très lisible. Celui-ci est maintenant suffisamment maîtrisé et s'harmonise parfaitement à l'action (C’est vrai qu’au départ mise à part certains décors qui relevaient le niveau, ça ne sautait pas au yeux tout de suite). L'utilisation de la SD (Super Deformed pour ceux qui connaissent pas !) sur Train en lui donnant des airs de chat apporte une touche de couleur dans ce manga assez sombre et violent sur le fond.
En résumé pour conclure ce nouveau dossier "fleuve", Black Cat est un bon manga malgré une intrigue sans doute classique et une base scénaristique sans réelle surprise mais qui reste efficace. Les personnages sont suffisamment charismatiques pour nous faire passer un très bons moments (c’est le but, non ?). L'auteur a su rendre son shônen intéressant, tant par l'histoire que par les dessins qui valent le coup d’œil, mais aussi en jonglant entre violence, humour et sensibilité. Cette série s’est terminée par un 20ème tome au Japon. L’auteur a eu au moins le mérite de ne pas faire éterniser sa série comme le font si bien certains autres…
Un manga plutôt sympathique que je recommande à toutes personnes voulant passer un moment agréable sans rechercher une tranche d’originalité coûte que coûte!
Dessin 14/20
Scénario 12,5/20
Fun 14,5/20
Intérêt 13/20
Global 14,5/20
Petite parenthèse : Yabuki Kentarou a été élève puis collaborateur de Tetsuya Nomura (character designer de Final Fantasy et de Kingdom Heart). On peut remarquer de nombreux petits clins d'oeil au cours de la lecture : le bar qui s'appelle le Cait Sith, le leader des Chronos Number qui a le charisme de Sephiroth, le look de Train à la Sora).